Webinaire Logistique urbaine n°4 le 28/05 à 14:00

Pour son 4ᵉ webinaire consacré à la logistique urbaine, l’ORT&L propose un zoom sur une activité actuellement en plein boom : la livraison ultra-rapide à domicile par des autoentrepreneurs à vélo, du moins sur le papier.

La logistique urbaine est à l’intersection entre les problématiques d’organisation des flux de marchandises et celles liées à la densité et à la cohabitation des usages caractérisant particulièrement les zones urbaines. Elle présente des enjeux variés et spécifiques dont certains prennent actuellement une ampleur grandissante.

C’est pour apporter un éclairage à ces enjeux que l’ORT&L Grand Est a décidé de proposer une série de webinaires sur la logistique urbaine. Ainsi, chaque mois, un aspect de cette vaste thématique est abordé au travers de témoignages d’experts et d’acteurs du sujet.

Pour le 4e webinaire de ce cycle, l’Observatoire a choisi de s’intéresser à une activité qui connaît un très fort développement depuis quelques années et, plus encore, depuis la crise sanitaire : la livraison à domicile par des autoentrepreneurs. Il s’agit, très largement, de transport de repas effectués à vélo, du moins officiellement.

Ce webinaire apporte des éléments permettant de connaître plus précisément ces livreurs et les modèles de fonctionnement mis en place par les plateformes dont ils sont les prestataires.

Vidéo

En résumé

En préambule, Nicolas Boidevezi a expliqué pourquoi l’ORT&L Grand Est avait choisi de s’intéresser au sujet des livreurs autoentrepreneurs travaillant pour des plateformes telles que Uber Eats, Just Eat ou Deliveroo. En regardant les chiffres des personnes et des entreprises dans le domaine des transports, on a pu constater une explosion ces dernières années. Or, en les étudiant plus précisément, il est apparu que c’était justement le boom des livraisons ultra-rapides, notamment de repas, qui l’expliquait très majoritairement. En Grand Est, ces livreurs sont, en mai 2021, plus de 8 000. La crise sanitaire a encore accéléré la croissance de leur nombre, puisque près de 500 nouvelles autoentreprises de coursiers à vélo sont enregistrées chaque mois dans la région.

Lætitia Dablanc, responsable de la Chaire Logistics City à l’Université Gustave-Eiffel, a mené des travaux de recherche sur ces livreurs. Elle a rappelé que le développement des plateformes de livraisons ultra-rapides à vélo ou en petits véhicules n’était pas un phénomène spécifiquement français : on le retrouve dans des pays très différents avec des spécificités et des marques locales. Les enjeux liés à ces nouveaux emplois, à leur qualité et à leur statut se posent aussi dans ces pays. Les tribunaux et les politiques se saisissent de plus en plus de ces questions à travers le monde. Lætitia Dablanc a présenté les résultats de l’enquête récemment menée à Paris sur ces livreurs. Comme en Grand Est, les livreurs sont à 93 % des hommes. Plus d’un tiers utiliseraient un scooter, mais parmi eux, très peu auraient une licence de transport intérieur, pourtant obligatoire pour pouvoir livrer (pour autrui) avec un véhicule à moteur. L’étude a aussi constaté un développement des livreurs membres d’une coopérative.

Mehdi Davouse est l’un de ces livreurs à vélo engagés dans un mouvement coopératif. Après avoir travaillé comme autoentrepreneur pour ces plateformes, il a décidé de prendre son indépendance en créant Les Coursiers nancéiens. Son témoignage confirme la dégradation des conditions de travail constatée par l’enquête. L’augmentation du nombre de livreurs a accru la concurrence, fait chuter les prix et incité à aller de plus en plus vite au détriment du respect des lois et de la sécurité. Le profil des livreurs a aussi changé avec de plus en plus de publics précaires issus de milieux défavorisés et souvent de l’immigration. Cependant, malgré leur très fort développement, les livraisons ultra-rapides à vélo restent, pour l’heure, un phénomène présent quasi-exclusivement dans les plus grandes agglomérations à l’échelle de la région. Très peu de livreurs exercent dans des villes en dessous de 50 000 habitants.

Lors du temps d’échanges qui a suivi les interventions, ont notamment été posées les questions suivantes : Que sait-on du futur cadre réglementaire français autour des plateformes ? La sensibilisation des consommateurs peut-elle contribuer à ce que les livreurs soient mieux considérés et rémunérés ? Quels sont les seuils de rentabilité ? Quel rôle facilitateur l’aménagement des espaces urbains peut-il jouer ?

Retrouvez les réponses à ces questions et l’ensemble des interventions dans la vidéo.